"Je suis contente d'avoir réussi à le détester. Parce que je commence à me sentir prête à aimer à nouveau".

C'est un cinéma dont on sort lavé psychologiquement et surtout un film important, avec beaucoup de cœur et d'humanité, qui permet d'adopter les différents points de vue, que ce soit celui de l'agresseur ou celui des victimes, et de les confronter les uns aux autres. J'ai été très touchée par l'impact de ce film, qui parle d'une réalité ignorée par les circuits institutionnels, et qui peut aider les deux parties à s'en sortir. Des moments incroyables de justesse et de sensibilité, abordant le thème de l'extrême finesse sur des sujets sensibles voire tabous, c'est bouleversant de vérité, avec une touche de bonne humeur de temps en temps pour certains, pour faire retomber toute la tension accumulée pendant et après les rencontres.

Nous pouvons comprendre les deux parties, mais nous ne pouvons pas les juger, car ce n'est pas notre travail. Il faut se mettre à la place des gens, surtout des victimes, mais aussi des agresseurs, pour leur faire comprendre que ce qu'ils ont fait a des conséquences à vie à cause des traumatismes qu'ils ont causés. Absolument tout le jeu des personnages est phénoménal, notamment celui de la reine Adèle Exarchopoulos, confrontée à une histoire d'inceste par une personne très proche de sa famille, et l'énorme travail des personnes de la justice réparatrice qui préparent les gens pendant des mois à rencontrer leurs agresseurs.

Des moments de frustration aussi de la part de certains qui ne comprennent pas à quel point cela touche les gens quand même un sentiment de haine pour le violeur ou qui ne sait pas s'il trouvera les mots justes ou osera assumer ce qu'il a fait et c'est vraiment très dur à regarder. Un film qui montre qu'il y a de l'humanité et de la tendresse en chacun de nous, victime ou criminel, quand bien sûr ils assument leurs actes, et qui fait aussi réfléchir le spectateur, ouvrir ses horizons, s'interroger et changer de perspective.

Un bijou cinématographique comme un cri du cœur pour les victimes, pour leur dire que quoi qu'il arrive, elles ne sont pas seules et qu'il faut essayer de parler à ces formateurs sociaux qui font un travail formidable pour que chacun, un jour, puisse faire face à la douleur pour pouvoir avancer dans sa vie.